Suite à la faillite suivie de l’acquisition du groupe Casino, un nombre considérable de postes, oscillant entre 1 300 et 3 200, vont disparaître. Parmi ces suppressions, plus de 500 emplois concernent le siège emblématique de l’entreprise, situé à Saint-Étienne. Cette réalité semble avoir un effet négatif sur l’engagement politique des employés pour les élections législatives à venir.
L’avenir incertain des salariés de Casino à Saint-Étienne
Devant le siège emblématique de Casino à Saint-Étienne, l’atmosphère est lourde. Chaque matin, les employés et ceux dont le départ est imminent continuent de franchir les portes, mais l’ambiance est loin d’être joyeuse. Depuis l’annonce de la faillite et le plan de restructuration qui l’a suivie, la désolation règne. Pour bon nombre de salariés, ce plan est perçu comme un « gâchis » et un « démantèlement ». En effet, la menace plane sur au moins un tiers des postes au siège de l’entreprise.
### Un sentiment d’injustice généralisé
Pour Delphine, 53 ans et forte de 26 ans de service chez Casino, c’est une injustice totale. Elle exprime son amertume en déclarant que c’est « toujours la même histoire » qui recommence. « C’est nous qui payons les pots cassés, et c’est toujours comme ça », explique-t-elle. Selon elle, ceux qui occupent les postes à responsabilités s’en sortent, tandis que les autres subissent. Elle critique vivement « un système capitaliste » qui à ses yeux, ne changera pas simplement avec une nouvelle législature. « Pour changer, il faudrait revoir le système en entier, mais cela ne se fera pas dans un pays comme le nôtre, dans l’Union européenne », affirme-t-elle, désillusionnée.
Isabelle, une autre employée qui l’accompagne, partage ce sentiment de désespoir. Après plus de 30 ans chez Casino, elle ne nourrit plus aucune confiance envers les élus, quelle que soit leur couleur politique. « Je n’attends pas que les politiques viennent nous sauver les fesses », assène-t-elle avec résignation. Pour elle, ils ne pensent qu’à eux-mêmes. « Nous, ici, on n’attend plus rien des politiques », ajoute-t-elle tout en précisant qu’elle ira tout de même voter, mais sans grande conviction.
### Les politiques, « tous les mêmes »
Les thèmes comme l’assurance chômage et le retour à l’emploi pour les seniors dominent les campagnes législatives, mais pour François, chef de secteur de 42 ans, c’est surtout la baisse de son pouvoir d’achat qui le préoccupe s’il se retrouve au chômage. Lui aussi affiche une certaine fatalité: « Ils proposent toujours des choses mais reviennent finalement aux mêmes pratiques d’avant », ironise-t-il. Bien qu’il ira voter, il le fera sans illusion particulière.
Quant à Estelle, elle est encore dans l’incertitude quant à l’avenir de son poste. La prochaine réforme de l’assurance chômage du gouvernement la préoccupe, mais elle ne place pas non plus beaucoup d’espoir dans les autres candidats, qu’ils soient de droite, de gauche ou issus de la majorité présidentielle. « C’est la foire à la saucisse, à qui dira le mieux », critique-t-elle, préférant citer le dicton « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». « On verra le résultat dans les urnes », conclut-elle fatalement.
Face à cette morosité ambiante, les salariés de Casino à Saint-Étienne regardent les politiciens d’un œil sceptique, mais surtout, ils attendent avec impatience la fin des négociations pour savoir quel sera précisément leur destin professionnel et personnel.