Actuellement, il est évident que la France se positionne comme l’un des leaders mondiaux dans le domaine de l’intelligence artificielle, affirme Maya Noël, la directrice de France Digitale. Elle souligne également que cette industrie a massivement recours à des employés issus de pays extérieurs à l’Union européenne.
Innovation française en péril face aux législatives : les acteurs du secteur tirent la sonnette d’alarme
« Il ne faudrait pas que tout s’arrête dès demain par des décisions radicales ». Maya Noël, la présidente de France Digitale, a exprimé sur France Inter la préoccupation générale qui hante actuellement le secteur de l’innovation en France. Ce secteur, bénéficiant d’un soutien marqué depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, craint que les élections législatives anticipées ne débouchent sur l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national (RN) ou du Nouveau Front populaire. L’éventualité de voir ces mouvements prendre les rênes du pays suscite la crainte de changements abrupts qui pourraient nuire à une dynamique économique fragile.
« Depuis plus de dix ans, on a réussi quelque part à aligner les planètes, à avoir suffisamment de capitaux, suffisamment de talents et réussi à ouvrir de nouveaux marchés qui nous permettent d’être un pays attractif en matière d’innovation. Aujourd’hui, la France est clairement parmi les capitales mondiales de l’intelligence artificielle », a expliqué Maya Noël. Elle dirige une association qui se bat pour les intérêts des start-up françaises, soulignant les accomplissements de ces dernières années.
« Tout ce qui limite l’immigration serait néfaste »
Sans citer directement le parti de Marine Le Pen, Maya Noël fait clairement allusion à sa politique en matière d’immigration. « Parmi les entreprises innovantes, près d’une sur cinq fait appel à des salariés qui ne viennent pas de l’Union européenne. Des profils qui peuvent venir du Maghreb, des profils qui viennent d’Asie. On a besoin de ces talents pour pouvoir continuer de se développer », affirme-t-elle.
Cette inquiétude est partagée par d’autres figures du secteur. Un dirigeant influent dans le domaine de l’intelligence artificielle, qui a préféré rester anonyme, a insisté sur le fait que toute restriction à l’immigration serait catastrophique. « Tout ce qui limite l’immigration serait néfaste », a-t-il martelé sur France Inter. Il ne s’agit pas seulement de main-d’œuvre, mais aussi d’investissements étrangers cruciaux pour la croissance.
Philippe Corrot, co-président directeur général de Mirakl, a également exprimé ses préoccupations. « On ne peut pas se couper du monde », a-t-il prévenu, rappelant que les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions sur les vingt prochaines années, voire au-delà. Il met en garde contre « un risque de déclassement majeur de la France pour les prochaines décennies, peut-être irrattrapable ». Mirakl, spécialisée dans le e-commerce, est une start-up qui incarne l’esprit d’innovation française, et son responsable sent profondément qu’un virage politique pourrait compromettre ce qui a été construit.
Le message est clair : le secteur de l’innovation en France est à un carrefour décisif. Les acteurs de ce milieu redoutent des politiques protectionnistes et isolationnistes qui pourraient enrayer une machine bien huilée, transformant ainsi le dynamisme actuel en perte de compétitivité sur la scène internationale.