Élections 2024 : Pas de Consigne de Vote, affirme le Président de l’Union des Entreprises


Le Medef a exprimé une vive opposition aux propositions économiques émises par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire. Cependant, la question demeure : quelle est la position des chefs de très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) sur ces programmes ? Pour en discuter, franceinfo accueille Michel Picon, le président de l’Union des entreprises de proximité, comme invité spécial sur des sujets économiques.

Michel Picon s’exprime sur les propositions économiques des partis politiques

Michel Picon : Nous avons reçu plusieurs réponses à nos questions, bien que certaines restent insuffisantes. Ces réponses nous sont venues aussi bien des candidats du Nouveau Front Populaire que de ceux du Rassemblement national. Pour les questions adressées à Bruno Le Maire, nous nous attendions aux réponses étant donné la continuité de la politique actuelle avec certains ajustements qui ne sont pas alarmants.

Une proposition controversée du Nouveau Front Populaire

La proposition de l’Alliance de gauche d’augmenter le SMIC à 1 600 euros nets, soutenue par le Nouveau Front Populaire, suscite votre opposition ?

En effet, cette mesure, bien que compréhensible en raison des difficultés que rencontrent les personnes aux revenus modestes, pose un sérieux problème de soutenabilité pour les entreprises. D’après nos informations, une telle augmentation risquerait d’engendrer des dommages économiques considérables. Même avec des propositions visant à prêter de l’argent aux entreprises à taux zéro pour les aider, cela ne suffit pas à nous rassurer pleinement.

Le financement des PME sous la loupe

Le Nouveau Front Populaire propose divers accompagnements financiers pour les PME pendant les premiers mois de cette augmentation. Cela ne vous semble pas suffisant ?

Je suis quelque peu perplexe face à des propositions dont l’inapplicabilité semble évidente dès le départ. L’idée de prêter de l’argent pour appliquer une mesure de ce genre semble plutôt utopique. À mon avis, il est crucial de travailler sur les salaires au niveau sectoriel, comme nous l’avons fait dans des branches spécifiques, telles que l’hôtellerie-restauration, où les salaires ont augmenté de 15 % l’année dernière. De telles augmentations doivent être négociées par domaine, dans un cadre de dialogue social et de paritarisme. Une augmentation généralisée et soudaine pour tous ne paraît pas raisonnable.

Propositions du Rassemblement National

Jordan Bardella propose une augmentation salariale exempte de cotisations patronales et une baisse de la TVA sur l’énergie. Quelles sont vos impressions ?

En ce qui concerne l’augmentation salariale de 10 % exonérée de cotisations sociales, cela ressemble plutôt à un dispositif déjà existant, comme la prime Macron qui permet de verser jusqu’à 3 000 euros sans cotisations. Quant à la réduction de la TVA, il est incertain que ce bénéfice atteigne véritablement les consommateurs à la pompe. Les compagnies pétrolières pourraient toujours invoquer une hausse des coûts pour ne pas répercuter cette baisse. En général, Jordan Bardella tient un discours qui cherche à satisfaire tout le monde, ce qui laisse planer des doutes.

La question de la simplification législative

La dissolution de l’Assemblée nationale a mis un terme à certains projets de loi, comme celui sur la simplification administrative. Ce projet, vous y teniez ?

Nous avions élaboré 130 propositions visant à simplifier le cadre légal pour aider les petites entreprises en leur délestant une part significative de leur charge administrative. Ce projet, actuellement en examen au Sénat, risquerait de ne pas être repris sans la majorité sortante. Les entreprises ont besoin de stabilité et de prévisibilité. Le pragmatisme devrait primer, même si ces propositions viennent de l’opposition.

Des questionnaires pour éclaircir les positions des candidats

Avez-vous sollicité les différents partis pour connaître leurs positions sur divers sujets ?

Oui, nous avons envoyé 21 priorités et posé 15 questions très précises sur des sujets cruciaux. Nous attendons encore des réponses, qui devraient arriver lundi ou mardi, et nous les partagerons avec les médias et nos membres. Nous n’émettons pas de consignes de vote, notre objectif est de défendre les intérêts des petites entreprises en fournissant des informations éclairées.

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