La fermeture imminente de l’usine Poulain met en péril plus d’une centaine d’emplois.
Dernière ligne droite avant le second tour des législatives : les ouvriers de Poulain face à leurs propres défis
Deux jours avant que ne se déroule le second tour décisif des élections législatives, une tout autre préoccupation monopolise l’esprit de nombreux habitants de Blois. Pour les ouvriers de l’usine Poulain, célèbre productrice de chocolat, la fermeture imminente de leur lieu de travail pèse bien plus lourd dans la balance que les échéances électorales.
À l’extérieur de l’usine, où les effluves de cacao emplissent l’air, le découragement et la désillusion sont palpables. Pour ces 109 employés qui se retrouveront bientôt sans emploi, la politique semble bien lointaine. « Franchement, je n’ai pas la tête aux élections », confie l’un d’eux. Cédric, un vétéran de l’usine avec 30 ans de service à son actif, avoue ne pas savoir encore pour qui il votera, se disant perdu face à ce qu’il perçoit comme des manigances politiques. « Le côté extrême droite, ça fait un peu peur quand même. Et d’un autre côté, vu ce qu’on a vécu ces dernières années, je n’ai jamais vu autant de personnes dans les rues pour manifester leur colère. »
« Pour moi, ils ne changeront rien »
Dans la première circonscription du Loir-et-Cher, la bataille électorale oppose Marine Bardet, candidate du Rassemblement national, à Marc Fesneau, actuel ministre de l’Agriculture soutenu par la majorité présidentielle. Cependant, cette échéance électorale apparaît comme une distraction pour beaucoup de salariés désabusés par la fermeture annoncée de leur usine. Manu, responsable logistique, livre son ressenti : « Mon travail n’a rien à voir avec les élections. Oui, il y a de la colère, de la rancœur, mais rien n’est lié aux élections. Pour moi, ils ne changeront rien. »
Les membres du syndicat Force ouvrière, Frédéric et Pascal, abondent dans ce sens. « Nous, la priorité, c’est la sauvegarde des emplois sur le site avec la marque Poulain. Ce qui se passe avec Poulain, ça n’a rien à voir avec le vote que je vais faire dimanche », assure Pascal. Frédéric rajoute : « On vient de faire le tour de l’usine, on a rencontré pas mal de salariés. Aucun ne nous a dit : ‘Si un tel parti passe, on aura des chances de se sauver ou au contraire’. »
De son côté, Daniel, opérateur depuis trente ans chez Poulain, observe avec amertume l’impact de l’inflation sur le budget familial. Pour lui, le vote de dimanche sera orienté vers le Rassemblement national, non pas par désespoir économique, mais par rejet de ce qu’il perçoit comme une explosion de l’insécurité : « Quand on voit tout ce qui se passe à la télé, avec les trafics de drogue et tout ça, arrivé à un moment, il faut assumer les conneries que tu fais… »
La tension bat son plein alors que les syndicats négocient un plan de sauvegarde de l’emploi pour ces travailleurs en sursis. Lors du premier tour, Marine Bardet avait pris l’avantage de quelques centaines de voix seulement face au camp présidentiel. Tandis que le second tour approche à grands pas, l’issue de cette élection paraît bien incertaine pour ces salariés, concentrés avant tout sur leur avenir professionnel immédiat et les lendemains qui déchantent.